Trois critiques du court métrage Furia vu au Poitiers Film Festival
DEGOÛT ET FASCINATION
Furia est un court métrage en animation 2D réalisé par Julia Sivda en 2021, issu de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, en Pologne. Il représente des visages, mains et d’autres membres qui s’articulent et se mutilent progressivement, exprimant ainsi une colère tout à fait singulière, qui provoque un dégoût général. Ces figures pâles et ridées, inexpressives tant face à la douleur qu’à la violence, et la progression du simple trigger au body horror et à la violence gratuite nous hantent tel le récit d’une profonde haine de soi, de l’autre et du monde. Furia est un vrai travail entre le son et l’image qui s’allient pour créer une vision d’horreur. Sans paroles (il ne s’agit pas d’une histoire à proprement parler), le film vise un large public, de manière très singulière. En effet la jeune cinéaste Julia Sivda, n’a pas souhaité émouvoir, mais bien créer un patchwork dérangeant qui nous fait détourner les yeux, nous boucher les oreilles et supplier pour que cela s’arrête. Ces figures et les phobies qu’elles nous inspirent seraient incomplètes sans les bruitages qui œuvrent à instaurer un profond dégoût. Cependant l’étrangeté et l’excentricité de l’œuvre font naître une certaine fascination chez le spectateur, malgré son écœurement. Cette façon violente de mettre en avant ces phobies relève de la catharsis. Qu’il s’agisse d’exprimer des dégoûts personnels ou de mettre en lumière ceux des autres, Furia ne laisse personne indifférent.
Lysa Vacheron et Axelle Simon, TG7
MALAISES
Le film Furia a été réalisé par Julia Siuda de 2021. Il ressemble à un film d'Ov, Scum mutation, que nous avons vu l'année dernière au Poitiers film festival et qui m’avait déjà énormément touché. Les deux titres ont beaucoup de similitudes et peuvent apparaître comme une démonstration de l'agressivité et de la violence. Ils sont tous deux excellents dans leur travail d’animation. Il s’agit d’une façon très spéciale de faire du cinéma, que je trouve audacieuse et intéressante. Ces films font de plus énormément réfléchir : ils parlent de la société humaine et de ses vices. Pour être plus précis, alors que Scum mutation représente surtout les blessures sociétales à travers des blessures individuelles, l'effet de malaise qu'instaure Furia repose d’abord sur des sensations, avec des gros plans et des inserts qui permettent une liberté d'imagination. Avec des bruits très dérangeants (de bouche, par exemple), tout est fait pour déranger le spectateur et le film accomplit parfaitement cet objectif. Si vous cherchez un cinéma complètement différent je vous conseille de voir ces deux films !
Fortunat Woodson, TG7
RAGE ET COURT MÉTRAGE
Le court-métrage d’animation Furia de Julia Sivda est un court-métrage que j’ai particulièrement apprécié. Il fait partie de ces films à concept plus qu’à histoire, ce qui pour certains pourrait être dérangeant. Pourtant, le plus dérangeant dans ce film est qu’il traite de dégradations physiques qui suivent un moment de rage. Il est question ici de déchirement de cuticules ou de cou craqué violemment. On ressent l’ascendance progressive de cette colère, qui va provoquer une anxiété chez le spectateur. Cette anxiété est également provoquée par le style des dessins. Ils ont recours à beaucoup de détails, mais aussi à des visages impersonnels, sans vie. Cet aspect est ce que j’ai trouvé le plus intéressant : les « personnages » n’ont pas de quoi être différenciés, leurs yeux sont très peu présents, c’est selon moi ce qui provoque majoritairement l’aspect horrifique de ce film. Il en va de même avec les bruitages qui accompagnent chaque dégradation : ce sont des sons forts et très dérangeants, tel qu’un déchirement de peau ou un œil qui tourne. On peut constater une omniprésence du rouge et du beige qui sont les tons principaux, le rouge caractérise la douleur, les blessures et la dégradation physique et le beige pour la peau et les personnages. Cette palette réduite de couleurs permet de se concentrer sur l’accélération du court métrage, qui va intensifier le malaise au maximum, avec des répétitions de certaines scènes pour susciter des réactions des spectateurs. Objectif réussi, selon moi !
Léa Porcher, TG7