Lorsque, le 2 Mars 2025, Je suis toujours là reçoit à Hollywood le prix du Meilleur Film international à la Cérémonie des Oscars, son réalisateur, le brésilien Walter Salles, que nous avons eu l’immense chance de rencontrer au lycée Rotrou pendant Regards d’ailleurs, n’en est pas à son premier coup d’éclat sur la scène du cinéma mondial.
Walter Salles, après une petite enfance en France, a grandi pendant la dictature militaire au Brésil. Il se lance d’abord dans le cinéma publicitaire et dans le cinéma documentaire. Puis, en 1998, il réalise Central do Brasil, son premier film au succès international (Ours d’Or du meilleur film à Berlin), mettant en avant l’excellente Fernanda Montenegro qui sera d’ailleurs nommée aux Oscars de la meilleure actrice. Central do Brasil est considéré comme le film clef du cinéma brésilien contemporain : il est le symbole du retour en force du cinéma brésilien qui avait connu une période de grande sécheresse après le Cinéma Novo, pendant la dictature.
Cette première pierre dans l’océan du cinéma mondial n’est pas la dernière pour Salles, qui va réaliser six ans plus tard un autre titre à succès : Carnets de Voyage. Le film retrace les voyages de Che Guevara avant sa prise de pouvoir en Argentine ; par ailleurs, il est le fruit d’une coproduction brésilienne, chilienne, argentine, péruvienne et américaine : tous représentés par un seul homme, un seul réalisateur. Après ce deuxième coup d’éclat, Salles se lance dans la production. Il co-produira notamment Aquarius(Kleber Mendonça Filho), La Cité de Dieu (Fernando Meirelles) ou encore Le Ciel de Suely (Karim Aïnouz).
Enfin, en 2024, il réalise Je suis toujours là, le film aux six millions d’entrées au Brésil, et tant apprécié à l’international. Tiré du livre Ainda Estou Aqui de Marcelo Rubens Paiva, Fernanda Torres, la fille de Fernanda Montenegro, y joue Eunice Facciolla Paiva, la femme d’un député du parti travailliste au Brésil, enlevé et éliminé par la dictature. Je suis toujours là s’insère dans la ligne tracée par Central do Brasil et de Carnets de Voyage : dans un cinéma ancré dans l’histoire de son pays, marqué par les dictatures en Amérique du Sud, ainsi qu’un cinéma qui met sur le devant de la scène internationale des icônes comme Fernanda Montenego ou bien Fernanda Torres.
Gaëlle Landais, TG7