Patricia Melo
Glauber Rocha, né le 14 mars 1939 à Vitoria da conquista, est l’un des pionniers du Cinéma Novo, qui est ce que l’on peut considérer comme la Nouvelle Vague du Brésil. Depuis petit il est intéressé par les arts surtout le théâtre et le cinéma, il suit sa passion et commence à travailler comme critique de cinéma puis assistant réalisateur. Il réalise quelques courts métrages et c’est en 1962 qu’il réalise son 1er long métrage Barravento. Son objectif en tant que cinéaste est de faire des films engagés politiquement, et faire de son art une arme pour changer les choses. Pour lui, le cinéma n’est pas du divertissement, mais une arme révolutionnaire.
Un cinéma profondément politique
Glauber Rocha défendait un cinéma de la faim, concept selon lequel le cinéma devait refléter la misère du peuple brésilien, non pas de façon passive, mais avec une esthétique violente et engagée. En 1964 il réalise un film que l’on considère comme œuvre fondatrice du Cinema Novo, Deus e o Diabo na Terra do Sol (Le Dieu Noir et le Diable Blond), qui critique la misère, l’oppression et les injustices sociales du Brésil. Cette même année, lors du coup d’état, Rocha quitte son pays et vit un moment en Espagne, au Chili mais aussi au Portugal. Pendant cet exil il continue de tourner des films plus avant-gardistes avec un côté plus documentaire que ses films brésiliens.
Des interventions spectaculaires
Glauber Rocha n’a jamais été passif face aux événements et situations politiques qui le touchaient : il n’hésite pas à aller en manifestation et à prendre la parole quand il en a l’occasion. De ce fait, en 1969, alors qu’il reçoit un prix pour Antonio das Mortes, il attaque violemment les grandes industries du cinéma, telles qu’Hollywood, dans un discours engagé à Cannes. En 1980, à Venise, son dernier film A Idade da Terra est projeté, mais divise le public étant très marqué par des idées révolutionnaires et une narration éclatée. Rocha fait encore un discours enflammé où il critique aussi bien la gauche que la droite, dénonçant l’hypocrisie des intellectuels et la domination culturelle des pays européens. Furieux, il quitte la salle de projection, ce moment reste emblématique et illustre bien la vie du cinéaste.
Son héritage
Décédé le 22 août 1981 à Rio de Janeiro, d’une infection pulmonaire à l’âge de 42 ans, Glauber Rocha a bouleversé les codes du montage classique en adoptant un style explosif, caméra à l’épaule et cadrages asymétriques. Refusant le divertissement creux il préfère dénoncer les inégalités sociales. Son influence se retrouve dans le cinéma militant contemporain. Rocha a prouvé qu’un film n’avait pas besoin de gros budgets ni d’une structure classique pour marquer les esprits.Il a ouvert la voie à un cinéma plus libre, plus politique, et plus enraciné dans la réalité des peuples opprimés. Son héritage résonne encore aujourd’hui dans les films provoquent la réflexion. C’est le cas de ceux de son fils Eryk Rocha, qui est aujourd’hui l’un des plus grands documentaristes brésiliens.
Clémence de Almeida, TG7